Quoi de plus français que de choisir la baguette parfaite ou un long déjeuner dans un café parisien ? C’est la bise – un baiser (parfois plus) sur chaque joue avec lequel les Français et les femmes saluent amis et proches depuis des siècles. Jusqu’à l’arrivée du nouveau coronavirus. Partout dans le monde, Covid-19 n’a pas seulement fait des millions de morts et aplati des économies, il a également laissé des gens sur des îles d’auto-isolement. Il a transformé les petits rituels d’être ensemble – l’étreinte et la poignée de main, le bavardage avec des inconnus et la fête commune – en risques mortels. En France, le bise, signe d’affection et aussi de fraternité, est devenu victime de la pandémie.
Le vaccin s’avère être un baiser de vie. Avec plus de 70 % de la population française désormais vaccinée, les Français reviennent s’embrasser et se dire bonjour. Même le président Emmanuel Macron, qui avait exhorté ses compatriotes à freiner leur instinct de serrer la main ou de s’embrasser au plus fort de la pandémie, a été vu en train de lancer un baiser aérien ou deux. En Inde, où les hiérarchies sociales mettent le toucher à rude épreuve, et où la vaccination universelle semble lointaine, toute cette agitation doit être ressentie comme un premier problème mondial. Nous avons trouvé un moyen de restaurer notre vie sociale – qu’il s’agisse d’ajouter à la boutique de thé ou de flâner tranquillement aux marchés aux poissons ou au tourisme de vengeance dans les stations de montagne – armés d’une complaisance dangereuse et d’un masque sur le menton.
Mais, apparemment, comme toutes les habitudes bouleversées par le Covid-19, il n’est pas facile de revenir en arrière. À qui la faute si certains Français grincent des dents devant la charge virale et l’exposition lorsqu’ils sont entraînés dans la bise ? Cependant, si le muah-muah est de retour, nos anciennes vies peuvent-elles être loin derrière ?