Malgré les discours, Moscou envoie le directeur de l’agence de pêche à Laâyoune

Que joue la Russie sur la question du Sahara? Depuis l’opération des forces armées royales le 13 novembre à El Guerguerate, l’ambassadeur de Russie à Alger, Igor Beliaev, est le protagoniste des médias algériens. La décision de Donald Trump, annoncée le 10 décembre, de reconnaître la souveraineté du Maroc sur la province, lui a donné l’occasion de prolonger cette campagne médiatique.

Ainsi, dans un entretien avec le journal arabophone El Bilad, le diplomate russe a défini le décret du président des Etats-Unis « une violation du droit international qui ne changera en rien la réalité de la cause sahraouie qui restera une question de décolonisation » . Des mots qui rappellent ceux faits une semaine plus tôt par Mikhail Bogdanov, Vice-Ministre russe des affaires étrangères et Représentant spécial du Président de la Fédération de Russie pour le Moyen-Orient. « C’est une décision unilatérale qui va au-delà du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU pour lesquelles les Américains eux-mêmes ont voté », a-t-il commenté.

Même histoire avec son superviseur, Sergueï Lavrov. Le ministère des Affaires étrangères estimé dans une déclaration selon laquelle la reconnaissance américaine pourrait « entraver les efforts des Nations Unies pour résoudre le conflit » et « une nouvelle initiative unilatérale qui menace la stabilité dans la région ».

Le poisson a éclipsé le slogan de « l’autodétermination du peuple du Sahara »

Malgré cette cascade de réactions des principaux porte-parole diplomatiques de Moscou, le gouvernement russe n’avait aucune objection à envoyer le directeur de son agence nationale des pêches en mission dans la capitale du Sahara occidental. Le jeudi 17 décembre, Alexander Tarasov a rendu visite à l’Institut technologique de la pêche maritime, situé dans le port d’El Marsa près de Laâyoune. Le responsable a discuté avec la partie marocaine des moyens d’établir une coopération entre les deux pays dans le secteur. Moscou a ainsi caché ses slogans répétés en faveur de «l’autodétermination du peuple du Sahara occidental» pour bénéficier des ressources halieutiques de la région.

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Pour rappel, Rabat et Moscou ont signé le 27 novembre un nouvel accord de pêche, le quatrième du genre depuis 1992, pour une durée de quatre ans, intégrant les eaux au large du Sahara Occidental.

Ce double jeu de la Russie sur cette question est loin d’être un cas isolé. L’Espagne l’a déjà pratiquée chaque fois que la validité de l’accord de pêche entre le Maroc et l’Union a expiré. Madrid a ensuite fait pression sur la Commission européenne pour entamer des négociations avec le royaume pour faciliter le retour de ses navires de pêche dans les eaux atlantiques du Maroc, intégrant le Sahara occidental. Mais ne pas accepter de bénéficier des ressources naturelles de ce territoire constitue-t-il aussi un acte de reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara?

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