Manuel Alduy • Directeur du cinéma et du développement international, France Télévisions

« Les plateformes ont de grandes ambitions et contribuent à l’inflation globale »

– Le réalisateur décompose la stratégie d’un des plus grands acteurs de l’audiovisuel européen

Manuel Alduy • Directeur du cinéma et du développement international, France Télévisions

Série Série vu Manuel Alduydirecteur du cinéma et du développement international chez France Télévisionsbriser la stratégie d’un des acteurs majeurs du secteur audiovisuel européen, une entreprise qui travaille sur un plan de diversification de son offre et de conquête du jeune public.

Cineuropa : Quelles tendances avez-vous remarquées dans les films de France Télévisions cette année ?
Manuel Alduy: La première tendance est la diversification. Nous nous éloignons de la simple diffusion linéaire de nos films sur nos chaînes TV (France 2, France 3 et France 5 pour les films). Ce sont des chaînes avec un public assez âgé. France 2 et France 3 sont des chaînes nationales très populaires, les films diffusés sur ces chaînes attirent donc souvent un large public. L’une des missions de France TV est de soutenir le cinéma d’auteur. Mais au cours de la dernière année, nous sommes passés à plein régime au numérique ; en d’autres termes, transmission à la demande. Nous achetons des films qui n’auraient pas été concevables pour nos chaînes historiques. Par exemple, le 30 juin 2022, pour la deuxième fois cette année, nous avons mis en ligne une collection de films d’animation japonais. Nous utilisons le numérique comme espace de diversité ; cela nous permet de proposer des films à des communautés de fans qui n’étaient pas faciles à atteindre lorsque nous n’avions que nos propres chaînes linéaires avec leurs offres très spécifiques. On s’éloigne des catégories contraignantes vers une situation où tous les types de films (sauf s’ils sont trop violents à certains égards) peuvent être diffusés et présentés au public par France TV.

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Notre objectif est désormais de réconcilier les différents publics, plutôt que d’avoir un ghetto de séries jeunesse sur le numérique puis de séries seniors sur la télé traditionnelle. Notre objectif est de construire des ponts. Lorsque nous diffusons Personnes normalesqui est une série principalement destinée au jeune public, nous l’avons également lancée France.tv, où il a enregistré trois millions de vues en l’espace d’un mois, ce qui est excellent. Nous l’avons également diffusée sur France 5, où la moyenne d’âge est de 67 ans, et nous avons enregistré 700 000 téléspectateurs, ce qui, pour une chaîne qui attire habituellement environ 350 000 téléspectateurs, est très positif.

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La tendance à la coproduction que nous observons est-elle une tendance européenne ?
Il y a une volonté de coproduction, mais pas la réalité de la coproduction. Ce que nous constatons en réalité, c’est que certains pays investissent des actions dans des séries créées par d’autres pays. La tendance naturelle des chaînes de télévision est de se présenter avec leur projet national et de demander de l’argent à d’autres pays européens, mais ce n’est pas vraiment une coproduction.

Ajoutez à cela le fait que les plateformes ne veulent pas de coproductions européennes, elles veulent juste des œuvres nationales. Quand ils frappent à la porte de France TV, ils veulent connaître les grandes séries françaises de France TV, pas nos coproductions multinationales. C’est étrange; Je vois que les diffuseurs traditionnels veulent toutes les coproductions, parce que nous pensons que c’est ainsi que nous aurons accès à un public plus large. Mais, en réalité, nous sommes très égoïstes et nationalistes ; nous n’offrons que de grandes productions nationales. Et les streamers ne s’intéressent qu’aux œuvres ultra-locales.

Comment votre public a-t-il changé depuis Covid ? Il paraît que les jeunes ne reviennent pas au cinéma ?
Je pense que le problème est plus grave que cela, parce qu’il n’y a pas que les jeunes. Une grande partie du grand public ne va plus au cinéma depuis le Covid, et ce sont des personnes de tous âges. Les jeunes ont complètement abandonné la télévision et quand il y a un grand film pour eux, ils vont au cinéma. Certes il y a tellement de films pour seniors, mais ils ne vont pas au cinéma.

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L’arrivée des plateformes a-t-elle provoqué une concurrence sur les talents cinématographiques ?
Oui, c’est un peu une relation d’ennemi. Nous avons des séries que nous réalisons en collaboration avec des plateformes. Dans ces circonstances, nous ne sommes pas des concurrents et parvenons à payer certaines séries plutôt chères. Nous avons produit des séries comme Bardottourner autour Brigitte Bardotet la série de science-fiction Oui-ja en ligue avec différentes plates-formes.

Cela dit, les plateformes ont de très grandes ambitions et contribuent à l’inflation globale. Les auteurs mènent des vies instables, passent d’un projet à l’autre, et il est très difficile de respecter les délais. L’inconvénient, c’est qu’il y a beaucoup de projets, donc si on perd une séquence, on peut toujours en rattraper une autre. Il y a trop; nous avons reçu ces deux dernières années huit projets sur Monte-Cristo, cinq sur Napoléon, neuf séries sur l’espace et trois séries sur les cathédrales.

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(Traduit du français)

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