Pourquoi la France grandit-elle et pas la Grande-Bretagne ?

Vous attendriez-vous à ce qu’une économie avec une charge fiscale élevée et l’un des âges de la retraite les plus précoces du monde développé soit parmi les meilleures des années post-pandémiques ? La France est cette économie, étant relativement résiliente face à une volatilité mondiale considérable, malgré le deuxième ratio impôts/PIB le plus élevé de l’OCDE et un âge moyen de la retraite inférieur à celui du Royaume-Uni, de l’Allemagne ou de l’Espagne.

On estime que le PIB de la France a été supérieur de 0,7 % aux niveaux d’avant la pandémie en 2022, marquant la meilleure performance sur cette mesure parmi les cinq plus grandes économies d’Europe occidentale : le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, l’Espagne et l’Italie. À titre de comparaison, l’économie britannique était estimée à 0,4 % plus petite que sa taille d’avant la pandémie en 2022, ce qui signifie que l’écart entre la France et le Royaume-Uni sur cette mesure était de 1,1 point de pourcentage. Alors que la France devrait connaître une nouvelle croissance cette année et que le Royaume-Uni devrait se contracter, cet écart se creusera davantage d’ici la fin de l’année, atteignant environ 3,0 points de pourcentage.

Alors, qu’est-ce qui explique le succès de la France ? Un certain nombre de facteurs sont apparus ou se sont renforcés ces dernières années. Dans les années qui ont suivi le Brexit, le secteur des services financiers en France a connu une croissance significative, tandis que celui du Royaume-Uni s’est contracté. Pendant ce temps, les industries françaises de l’alimentation et des boissons, des loisirs et du tourisme de grande valeur, qui abritent le champagne, la Côte d’Azur et des stations de ski de classe mondiale, devraient enregistrer de fortes performances en 2022, tandis que les entreprises de voyage et d’hôtellerie internationale ont poursuivi leur normalisation post-pandémique. .

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La France a particulièrement bien résisté en 2022 à la crise énergétique qui sévit sur le continent. L’inflation a été de 5,9 % tout au long de l’année, culminant à 7,1 % en octobre et novembre. Bien que ce chiffre soit particulièrement élevé par rapport aux moyennes historiques, il était bien inférieur à celui des autres pays européens. Par exemple, l’inflation en Allemagne a atteint 9,6 % en 2022, atteignant un pic de 11,6 % en octobre.

La composition de l’approvisionnement énergétique de la France a été l’une des raisons de son expérience plus modeste de l’inflation en 2022. Une part beaucoup plus importante de l’électricité du pays est produite par l’énergie nucléaire, ce qui signifie moins de dépendance au gaz russe importé. Cela a contribué à atténuer l’expérience de la France du choc des prix de l’énergie de l’année dernière, malgré le système nucléaire du pays fonctionnant en dessous de sa capacité.

Par ailleurs, le gouvernement français a agi rapidement pour limiter l’exposition des ménages à la volatilité des marchés de gros de l’énergie. Les ménages ont reçu une série de subventions basées sur le revenu pour couvrir leurs factures, tandis que les augmentations des prix de l’électricité ont été plafonnées à 4,0 % en glissement annuel et que les prix du gaz ont été gelés. En conséquence, les changements de prix auxquels sont confrontés les consommateurs ont été beaucoup plus faibles que dans d’autres pays. Étant donné que l’énergie était le principal moteur de l’inflation en Europe en 2022, cela a contribué à maintenir la croissance des prix à un faible niveau en France.

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Cependant, les perspectives pour la France en 2023 sont légèrement plus sombres. La politique de limitation des hausses des prix de l’énergie a changé à partir de la nouvelle année, les fournisseurs d’énergie pouvant désormais augmenter leurs prix jusqu’à 15,0 %. En conséquence, les consommateurs français devront faire face à des factures plus chères, ce qui exercera une pression à la hausse sur le taux d’inflation global. Ainsi, en 2023, la France devrait connaître davantage de vents contraires liés à la consommation qui ont commencé à affliger d’autres économies l’année dernière, comme le retrait d’activités de consommation plus discrétionnaires en raison de la baisse du niveau de vie réel. Les entreprises sont également confrontées à des difficultés en raison de la hausse des prix de l’énergie, qui a récemment freiné la production industrielle.

Malgré les attentes d’une performance plus faible en 2023, la résilience de l’économie française ces dernières années doit être saluée. Plusieurs autres facteurs pourraient contribuer à ce succès relatif. La France obtient régulièrement de meilleurs résultats que la moyenne de l’OCDE dans le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), faisant état d’une main-d’œuvre instruite et d’un niveau de capital humain relativement plus élevé. Pendant ce temps, la production par heure travaillée était environ un quart plus élevée en France qu’au Royaume-Uni en 2019, selon le Penn World Table, signalant une productivité élevée.

Dans l’ensemble, le Cebr s’attend à une croissance de l’économie française de 0,3 % en 2023, un ralentissement marqué par rapport aux deux années précédentes. Le taux de croissance démographique a également été en moyenne de 0,3 % par an au cours des cinq dernières années. Si ce taux prévalait à nouveau en 2023, cela impliquerait une stagnation du PIB français par habitant. Néanmoins, la performance devrait encore être meilleure en France que dans des économies de taille similaire. Par exemple, des contractions de la production, tant en termes absolus que par habitant, sont actuellement prévues pour le Royaume-Uni et l’Allemagne. Bien qu’il puisse y avoir des problèmes de mesure qui rendent difficile la comparaison du PIB entre les pays, comme le fondateur du Cebr, Douglas McWilliams travaux très cités sur la Flat White Economy et comme cette économie est sous-évaluée dans les statistiques officielles, on peut encore conclure que l’économie française est actuellement plus résiliente que nombre de ses voisins.

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Sam Miley est économiste principal à Chebr.

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