Il y a quatre mois, Gabriel Boric, 35 ans, a brouillé les sondages pour revendiquer la victoire de la primaire présidentielle à laquelle il avait à peine l’âge de concourir. Mais le 11 mars de l’année prochaine, il prêtera serment en tant que plus jeune président du Chili. ayant a amassé plus de voix que n’importe quel candidat présidentiel de l’histoire.
Boric est la force motrice derrière le changement brutal de la garde du Chili.Il appartient à une génération radicale de dirigeants étudiants qui sont farouchement déterminés à enterrer une fois pour toutes l’héritage amer du dictateur Augusto Pinochet.
« Le Chili a été le berceau du néolibéralisme et en sera aussi sa tombe ! a-t-il crié depuis une scène la nuit de sa victoire principale, son tatouage sur l’avant-bras dépassant de sous une manche retroussée.
La dictature brutale du général Pinochet a donné au Chili son modèle économique extrême, et Boric et sa cohorte influente de leaders étudiants ont pris sur lui de s’en débarrasser.
« Je sais que l’histoire ne commence pas avec nous », a-t-il déclaré dimanche soir sur scène en tant que président élu devant une foule hurlante.
« Je me sens héritier de la longue trajectoire de ceux qui, de différents endroits, ont inlassablement cherché la justice sociale ».
Boric est né à Punta Arenas en 1986 et est fier de sa région natale, Magallanes, sous les champs de glace de Patagonie.
En 2011, entrant dans la dernière année de sa licence en droit, Boric était l’un des leaders des manifestations pour l’éducation qui ont paralysé le Chili et ont vu plusieurs jeunes leaders – tous faisant partie de la campagne présidentielle de Boric – poussés vers la politique.
Il n’a jamais obtenu son diplôme, remportant plutôt les élections au congrès chilien en 2013 et remplissant deux mandats en tant que député, devenant ainsi l’un des premiers membres du Congrès à venir au-delà des deux coalitions traditionnelles du Chili.
Mais depuis qu’il a perdu de justesse le premier tour de l’élection présidentielle face à José Antonio Kast, partisan d’extrême droite du général Pinochet, il a considérablement modéré son programme, faisant appel aux électeurs centristes qui l’ont désormais poussé à La Moneda.
Contrairement à ses jours enflammés au front, Boric est maintenant bien soigné, humble et sérieux, portant souvent un blazer élégant qui couvre ses tatouages. Sa petite amie Irina Karamanos l’a rejoint sur scène dimanche soir après les résultats.
Il s’est engagé à décentraliser le Chili, à mettre en place un État-providence, à augmenter les dépenses publiques et à inclure les femmes, les Chiliens non binaires et les peuples autochtones comme jamais auparavant. Mais c’est le but ultime de Boric de libérer le pays des contraintes de la dictature de Pinochet qui définira son héritage.
Les quatre prochaines années verront ce processus s’amorcer, car la génération étudiante de 2011 dirigée par Boric assumera un rôle encore plus important qu’auparavant.