Trump et l’arme nucléaire: « Je l’imagine plutôt mal pour conclure son mandat par un coup d’État militaire »

Après les violences à Capitol Hill, qui a été assiégée le mercredi 6 janvier par des militants pro-Trump qui ont réussi à entrer dans l’enceinte du Congrès américain, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a déclaré qu’elle s’était entretenue avec des responsables de la L L’armée américaine a les moyens d’empêcher le président sortant, qu’il a qualifié de «déséquilibré», d’utiliser les codes nucléaires. Quelques jours après l’expiration du mandat de Donald Trump, le politologue Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Foundation for Strategic Research et spécialiste des États-Unis, revient sur cette prérogative exclusive du président des États-Unis, et les débats qu’elle suscite.

L’élection de Joe Biden vient d’être validée par le Congrès. Alors, Donald Trump a-t-il toujours l’énergie nucléaire?

BRUNO TERTRAIS. Bien sûr, il l’a jusqu’à la fin exacte de son mandat, le 20 janvier à midi. Techniquement et légalement, il peut toujours lancer une frappe nucléaire à 11 h 59 le 20 janvier.

Pensez-vous que la préoccupation exprimée par Nancy Pelosi est justifiée?

Justifié sur le fond, non. Je ne peux pas imaginer un scénario où Trump puisse aller aussi loin sans raison. Je pense que Mme Pelosi agit à un niveau symbolique. C’est un sujet sur lequel on s’interroge depuis quatre ans: est-ce normal qu’un homme comme Trump ait ce pouvoir?

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Le président des États-Unis peut-il prendre seul une telle décision?

D’un point de vue juridique, seul le président ou son éventuel successeur constitutionnel est autorisé à donner un tel ordre et il n’est obligé de consulter personne. C’est exactement la même chose pour le président français aussi. Mais au cours des deux derniers jours, il y a eu un débat en cours à Washington selon lequel un ordre techniquement légal donné par Trump pourrait ne pas être mis en œuvre par le système. Si demain il ordonne de bombarder Téhéran ou Ottawa, ou quoi que ce soit, qu’arrivera-t-il? En dehors d’une situation de guerre, l’ordre serait-il appliqué? Les armes nucléaires ne sont pas un bouton rouge sur lequel le président appuie, il y a toujours un élément humain dans le système.

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Ce pouvoir résidant entre les mains d’un seul homme a-t-il déjà été débattu aux États-Unis?

C’est un débat qui a eu lieu sous la présidence de Richard Nixon (1969-1974), qui avait un problème d’alcool. Son secrétaire à la défense, James Schlesinger, dit qu’il a ordonné au Pentagone de ne pas suivre les ordres de Nixon. Ce sujet a également été beaucoup débattu au cours des quatre dernières années, au point qu’il y a eu des auditions au Congrès sur le sujet pour la première fois en quarante ans, en 2018. Elles n’ont abouti à rien, mais elles ont permis de ramener le sujet sous les yeux. le projecteur. En tout cas, rien n’indique que Joe Biden reviendra sur cette procédure, la même depuis 1945. On pense aussi que c’est un gage de crédibilité, que seul un élu peut avoir cette autorité est un gage de crédibilité du système. Si des freins institutionnels existaient, la dissuasion pourrait être considérée comme moins crédible.

Peut-on s’attendre à ce que Donald Trump profite de ses derniers jours au pouvoir pour user une dernière fois de ses prérogatives militaires?

Je ne peux pas imaginer Donald Trump prendre ce genre d’initiative, terminer son mandat par un coup d’État militaire, pour deux raisons. Il croit sans aucun doute que son bilan militaire est bon. Je pense à l’élimination d’Abu Bakr al-Baghdadi et de Qassem Soleimani, deux figures symboliques importantes. Ou encore le retrait de certaines forces militaires de certains théâtres. D’ailleurs, personne ne l’attend à ce sujet. Les insurgés de Capitol Hill n’ont pas agi par rapport à la situation internationale.

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