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Le militant saoudien Loujain al-Hathloul a été condamné mais bientôt libéré

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Le militant saoudien Loujain al-Hathloul a été condamné mais bientôt libéré

, publié le mardi 29 décembre 2020 à 2h36

La militante saoudienne des droits humains Loujain al-Hathloul a été condamnée lundi à cinq ans et huit mois de prison en vertu de la loi «antiterroriste», une peine avec sursis qui la libère en quelques mois, selon sa famille.

Loujain al-Hathloul, 31 ans, a été reconnu coupable de « diverses activités interdites par la loi antiterroriste », a déclaré Sabq, un média en ligne pro-pouvoir, qui a assisté à l’audience.

Selon les médias saoudiens, la peine comprend une suspension de deux ans et dix mois « à condition qu’il ne commette pas de nouveau crime dans les trois ans ».

Il prend en compte la période passée en garde à vue qui amène Loujain al-Hathloul, arrêté en mai 2018, libéré dans «deux mois», à avoir tweeté sa sœur Lina.

Une source proche de la famille et du groupe d’opposition londonien ALQST a déclaré qu’elle serait libérée d’ici mars.

Le tribunal a également interdit à l’activiste de quitter le royaume pendant cinq ans, a ajouté Lina al-Hathloul, ajoutant que sa sœur avait l’intention de faire appel de la condamnation.

« Loujain a pleuré en entendant la phrase aujourd’hui », a tweeté Lina al-Hathloul. « Après près de trois ans de détention arbitraire, de torture, d’isolement, ils la condamnent et la qualifient de terroriste ».

« Nous sommes extrêmement déçus de ce verdict (…) Nous ferons appel même si nous n’avons aucun espoir dans le système judiciaire saoudien », a déclaré à l’AFP leur frère Walid al-Hathloul. Canada. « Elle a pleuré parce qu’elle était qualifiée de terroriste. »

Selon lui, «l’intervention du prince héritier (Mohammed ben Salman) dans la procédure ne prouve pas que le procès était indépendant, elle montre plutôt qu’il était politiquement motivé».

Cette décision représente pour le gouvernement saoudien une « stratégie de sortie en gardant le visage » face à une forte pression internationale pour la libération de Loujain al-Hathloul, a déclaré à l’AFP une source proche de la famille.

Elle a été arrêtée, avec d’autres militants, peu de temps avant la levée de l’interdiction de conduire pour les femmes saoudiennes, une réforme pour laquelle ces femmes faisaient campagne.

– « Inéquitable et dérangeant » –

L’Arabie saoudite est largement critiquée par les ONG pour son bilan en matière de droits humains qui embarrasse régulièrement ses partenaires occidentaux.

Le président élu américain Joe Biden, qui devrait officiellement prendre ses fonctions dans trois semaines, a prononcé des mots particulièrement durs sur la répression en Arabie saoudite.

Jake Sullivan, son futur conseiller à la sécurité nationale, a déclaré sur Twitter la condamnation de Loujain al-Hathloul « injuste et inquiétante ».

Du côté de l’administration sortante, un porte-parole du département d’Etat, Cale Brown, a fait part de la « préoccupation » des Etats-Unis sur Twitter, ajoutant: « nous attendons sa libération anticipée en 2021 ».

Même le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies a jugé cette phrase « profondément dérangeante », qualifiant la détention du militant « d’arbitraire ».

« Nous comprenons qu’une libération anticipée est possible et nous l’encourageons vivement et de toute urgence », a-t-il tweeté.

Kenneth Roth, directeur exécutif de l’ONG Human Rights Watch, a dénoncé une condamnation « honteuse », affirmant que l’activiste avait été condamné pour avoir « revendiqué ses droits ».

Selon Amnesty International, la trêve ne supprime pas la «cruauté» du régime envers «l’une des femmes les plus courageuses» du royaume de la sentence.

La France et l’Allemagne ont demandé aux autorités saoudiennes de la «libérer» rapidement.

Le gouvernement allemand a estimé que « libérer Mme al-Hathloul maintenant et donc avant la fin du procès » serait un « signe positif ».

Loujain al-Hathloul a entamé une grève de la faim en prison le 26 octobre avant d’y mettre fin deux semaines plus tard, selon sa famille et Amnesty International.

Sa famille a annoncé fin novembre que son affaire avait été transférée à un tribunal antiterroriste, créé en 2008 et largement utilisé pour juger des prisonniers politiques, selon des organisations de défense des droits humains.

– Actions pacifiques –

Le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal ben Farhan Al-Saoud a révélé début décembre que Loujain al-Hathloul était accusé d’avoir été en contact avec des États «hostiles» au royaume et d’avoir transmis des informations confidentielles.

Mais le gouvernement saoudien n’a fourni aucune preuve tangible pour étayer ces allégations, selon les proches de l’activiste.

Militante de la cause des femmes saoudiennes, Loujain al-Hathloul n’a mené que des actions pacifiques dans le royaume ultra-conservateur, défendant le droit des femmes saoudiennes à diriger et s’opposant à la protection qui met les femmes à la merci totale des hommes.

Diplômée de l’Université canadienne de la Colombie-Britannique (UBC), elle est – comme d’autres militants – définie comme une «traître» par la presse locale pour avoir eu des contacts avec des diplomates et des ONG internationales.

Sa famille affirme qu’elle a été victime de harcèlement sexuel et de torture pendant sa détention. Les autorités ont nié de telles allégations.

Ce n’est pas la première fois que la Saoudienne, familière des réseaux sociaux et originaire d’Al-Qassim, une région conservatrice du centre de l’Arabie saoudite, se retrouve derrière les barreaux.

Elle a été arrêtée fin 2014 pour avoir tenté d’entrer en Arabie saoudite au volant d’une voiture en provenance des Émirats arabes unis. Elle a été libérée de prison 73 jours plus tard à la suite d’une campagne internationale.

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