PARIS • Le Studio Ghibli, domicile des maîtres du cinéma d’animation japonais, a décidé de se plonger dans la 3D sous la direction du fils du fondateur Hayao Miyazaki, Goro, même s’il est loin d’être prêt à ranger ses crayons de couleur.
Avec le même goût pour le fantastique que son père, l’homme de 54 ans sort de l’ombre avec Earwig and the Witch, qui devrait être mis en ligne dans le cadre du Gerardmer Fantasy Film Festival qui commence aujourd’hui.
Le film, initialement prévu pour la première au Festival de Cannes de l’année dernière et lancé à la place à l’événement Lumière à Lyon, est l’histoire d’une orpheline espiègle adoptée par une sorcière et amie d’un chat noir.
Il a l’empreinte unique de Miyazaki, mais les fans des moments forts de Hayao Miyazaki comme Mon voisin Totoro (1988) et Howl’s Moving Castle (2004) peuvent être déséquilibrés par l’effet 3D plus cool.
Pour un studio plébiscité pour l’harmonie visuelle de ses créations, sauter est un pari, admet Goro, conscient du risque de décevoir une fanbase de plus de 30 ans.
Malgré cela, il dit que son père perfectionniste de 80 ans lui a donné « carte blanche ».
« Il a à peine commenté pendant la production », a déclaré le créateur de Tales From Earthsea (2006) et From Up On Poppy Hill (2011) dans une interview.
« Il s’arrêtait régulièrement pour le vérifier, mais étant donné les différences technologiques avec l’animation traditionnelle, il n’avait pas de cadre. Ce n’est pas son médium. »
Le passage à la 3D ne signifie pas « entrer dans une sorte de concurrence » avec les géants américains de l’animation avec leurs vastes ressources techniques et financières, dit Goro.
«On pourrait comparer les grandes productions américaines aux voitures électriques Tesla, alors que ce que nous essayons de faire est de créer un vélo à pédale pour se déplacer en ville. Il y a des paysages que l’on ne peut voir que grâce à ce rythme plus lent qu’un vélo.
Malgré la renommée internationale du Studio Ghibli, «nous ne sommes ni un grand studio ni une grande entreprise, plutôt un atelier de quartier, un petit lieu de création», dit-il.
« Je ne pense pas que nous puissions planifier un changement de génération comme les gens l’attendent. »
Alors que l’infographie offre «une nouvelle possibilité pour l’avenir», les traditionalistes peuvent être assurés que «le dessin sur papier, l’animation traditionnelle comme celle de mon père, se poursuivra en studio», dit Goro.
AGENCE FRANCE-PRESSE