Revoir « Le pire » : les looks des enfants

Une fille aux taches de rousseur, Maylis (Mélina Vanderplancke), est assise dans une salle de classe transformée en salle de casting. Son regard pourrait être qualifié d’apathique si ce n’était la façon dont il interpelle Gabriel (Johan Heldenbergh), réalisateur de fiction, au début du drame passionné « Les pires », de Lise Akoka et Romane Gueret. Le film de ces deux vrais réalisateurs suit Gabriel alors qu’il tourne dans un quartier économiquement défavorisé du nord de la France. Le fait que Gabriel donne à Maylis un rôle non parlant en dit long.

Les visages de Vanderplancke et des autres acteurs non professionnels ici sont mémorables, tout comme leur apparence. Et c’est une des présomptions du film d’Akoka et Gueret (qui a écrit avec Eléonore Gurrey) : un regard peut résister à l’objectivation.

Le titre vient de la fine observation de Maylis sur qui Gabriel envisage de choisir et pourquoi. Maylis est l’un des quatre jeunes hommes embauchés par le réalisateur et son assistant. Il a choisi Lily ( Mallory Wanecque ), aux prises avec le chagrin après la mort de son frère, en tant que chef de file, une adolescente enceinte de 15 ans. Gabriel choisit le petit bagarreur Ryan (Timéo Mahaut) comme petit frère de Lily. Ryan a trouvé refuge chez sa soeur, Mélodie (une formidable Angélique Gernez). Avec également : Jessy (Loïc Pech), un jeune de 17 ans initialement arrogant et reconnaissant.

L’intérêt de Gabriel pour les enfants marginalisés est authentique, bien qu’exploiteur. Akoka et Gueret atteignent cette tension en élargissant leur champ d’action pour inclure la vie de leurs personnages, ainsi que des aperçus d’une communauté sagement méfiante.

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Brillamment photographié et savamment monté, « Les pires » – qui a remporté le concours Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022 – propose une critique provocatrice des pratiques cinématographiques. Il présente également une défense subtile des miracles à l’écran révélés par les jeunes et les crus.

Le pire
Non classé. En français, avec sous-titres. Durée : 1h39. Dans les théâtres.

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